31 août 2020
Billet d’humeur – Après match PSG/Bayern de Munich : l’UEFA doit payer
L’indignation ne suffit plus.
Combien de vitrines brisées, de voitures incendiées, de commerces pillés, à l’occasion du match PSG- Bayern Munich ? Combien d’installations publiques vandalisées, de riverains atterrés, d’enfants traumatisés ?
Au-delà des questions de sécurité et de politique pénale, se pose celle de l’indemnisation des préjudices occasionnés. Les commerçants du « triangle d’or » parisien ont déjà payé un lourd tribut aux manifestations et autres « événements » au cours desquels leur outil de travail a été détérioré ou purement et simplement détruit. Il serait trop facile de les laisser une fois encore se débrouiller avec leur compagnie d’assurances, pour autant que leur activité demeure assurable…
Au lendemain de ces événements, j’ai émis l’idée de faire payer les organisateurs, c’est-à-dire les instances du football européen, selon le principe du « pollueur payeur ».
On m’a fait observer que c’est aux casseurs de payer. C’est vrai. Encore faut -il qu’ils soient identifiés et solvables. Et même si c’était le cas, au train où va la justice, nos commerçants auront le temps de déposer trois fois le bilan avant de pouvoir envisager de recevoir le premier centime.
On m’objecte également que rien ne prouve que les auteurs des faits soient des supporteurs ou même des amateurs de football. C’est également vrai. Mais ce qui ne l’est pas moins, c’est que s’il n’y avait pas eu de match, il n’y aurait pas eu de saccages et donc pas de préjudices, ce soir-là. Le lien de causalité est donc direct.
Un match de football est un spectacle, au même titre qu’un concert ou n’importe quel autre évènement artistique, culturel ou sportif. Comme tel, il a un organisateur, qui en est juridiquement responsable. Le rôle de cet organisateur est de veiller à ce que son spectacle se déroule sans incident et sans préjudice, tant pour les participants que pour les tiers.
En l’espèce, cet organisateur est l’UEFA. En organisant la finale de la Ligue des Champions, l’UEFA savait, comme nous le savions tous, qu’il y avait, à Paris, des risques de débordements violents à la fin du match. C’est malheureux mais c’est ainsi. L’UEFA n’a certes pas la possibilité de prévenir ces risques, mais elle a celle de s’assurer contre leurs conséquences, d’autant qu’elles sont, hélas, hautement prévisibles. L’UEFA réalise des bénéfices considérables avec ce type d’évènement. L’assurance n’est rien d’autre qu’une ligne supplémentaire dans son budget prévisionnel.
Il n’y a aucune raison que les dindons de la farce soient toujours les mêmes.
J’ajoute que cela n’aura aucune conséquence sur la responsabilité pénale des casseurs, qui devront en répondre de la même façon devant les juridictions répressives. Il ne s’agit là que de l’action civile, c’est-à-dire indemnitaire. L’’UEFA et ses assureurs disposeront d’ailleurs d’une action récursoire contre les auteurs, ce qui signifie qu’ils pourront se retourner contre eux pour obtenir le remboursement des indemnités qu’ils auront versées. A ceci près que c’est eux qui supporteront le risque de leur insolvabilité plutôt que les victimes, ce qui est tout de même plus normal.